L'artisanat de la laque

Publié le : 28/05/2019 11:44:30
Catégories : Les artisanats

L'artisanat de la laque

Une tradition millénaire en Asie

L’artisanat de la laque remonte à plus de 3000 ans en Chine. Utilisée à l’origine pour protéger le bois de la putréfaction, elle va par la suite devenir un véritable art décoratif à l’extrême raffinement, très prisé dans l’ensemble de l’Asie de l’Est : au Japon, où des artistes de génie lui donneront ses lettres de noblesse, mais aussi au Vietnam, en Thaïlande, ou en Birmanie, où l’influence de la Chine contribuera au rayonnement de cet artisanat.

…qui a toujours fascinée l’Occident.

En Europe, dès le XVIIe siècle, les objets et meubles laqués importés par les compagnies néerlandaises et britanniques sont très recherchés. Quelques artisans tentent alors de les imiter, comme ceux de la principauté de Liège avec  le vernis Dagly qui connaîtra un vif succès.

Panneau laqué de Gaston Suisse

Nombre de personnages célèbres se sont passionnés pour cet artisanat si délicat : fin XVIIIe siècle, Marie-Antoinette, rassemble une collection de laques du Japon. Plus tard, au début du XXe siècle Gabrielle Chanel se porte acquéreur de plusieurs Coromandel, ces paravents laqués venant de Chine qui portent le nom de la côte Indienne d’où ils étaient transférés des jonques chinoises sur les navires de la compagnie des indes.

C’est aussi à cette période, que certains artistes de la période Art Déco, comme Jean Dunand ou Gaston Suisse (dont on peut admirer le panneau laqué) s’emparèrent de ces techniques pour créer des œuvres métissées, entre Orient et Occident.

Un procédé traditionnel très long et délicat

La laque naturelle s’obtient par l’incision du tronc de l’arbre à laque, entre sa 3e et sa 8e année. D’aspect crémeux, la matière ainsi récoltée doit être filtrée, avant de décanter plusieurs mois et se séparer en couches plus ou moins aqueuses. La laque de meilleure qualité et donc la plus chère, qui servira aux couches de finitions, se trouve sur le dessus.

L’application sur du bois, ou tout autre matériau, se fait sous forme de couches successives. Après chaque couche, la laque doit sécher quelques jours, avant d’être doucement polie. On compte de 7 et jusqu’à 18 couches de laque. Les dernières couches utilisent la laque de meilleure qualité mélangée à des pigments pour lui donner la teinte souhaitée.

L’objet doit ensuite être entreposé dans une atmosphère humide et tiède pendant plusieurs semaines pour que la laque durcisse.

Il est à noter que la laque naturelle liquide est extrêmement toxique

…progressivement abandonné au profit de laques synthétiques

Au cours du XXe siècle, les progrès de la chimie, permettent la création de laques de synthèse : moins coûteuses à obtenir, elles sont plus faciles à utiliser, moins toxiques, et offrent une infinité de coloris.

Pour ces raisons, elles vont rapidement supplanter les laques traditionnelles,  Gaston Suisse, artiste laqueur en fera usage dès le premier quart du XXe siècle. Même s’il reste, en particulier au Japon des artisans laqueurs traditionnels, la plupart des produits laqués sont aujourd’hui réalisés avec des laques synthétiques.

L’application de la laque, même synthétique, nécessite au moins 2 couches, et souvent 3. Chacune est suivie d’une phase de polissage à l’aide d’eau et d’un papier très légèrement abrasif.

Polissage d'un bracelet laqué

Une fois la laque appliquée sur l’objet, il faut encore attendre plusieurs jours que la laque soit sèche, en la protégeant de la poussière ou tout autre contact qui pourrait altérer la surface lisse et brillante de l’objet.

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